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N° 13/30 | Aimer le foot, Mozart et le pilate, c’est juste une question d’habitus !

La socialisation est un processus par lequel les individus intègrent les normes de leur groupe. Avec la publication en 1998 de l’ouvrage L’Homme pluriel, le sociologue Bernard Lahire amène l’idée qu’une même personne peut adhérer à plusieurs normes différentes.

Être un individu singulier dans une société

La relation entre individu et société est complexe. Faire partie d’un ensemble suppose d’en apprendre et d’en intérioriser les règles… C’est ce que l’on nomme la socialisation, « définie comme le processus par lequel un être biologique est transformé en un être social propre à une société déterminée, » comme l’explique Bernard Lahire. Classiquement, la sociologie qui s’intéresse à cette question depuis sa naissance au XIXe siècle, propose deux étapes distinctes, la socialisation primaire et la socialisation secondaire. La première intervient tôt dans la vie, principalement à travers la famille qui joue un rôle très fort, quasi-exclusif au moins les premiers temps, et capable de faire filtre avec le monde extérieur. Ainsi s’explique le poids de l’éducation dans la trajectoire de vie des personnes. La socialisation secondaire intervient plus tardivement, par l’école, les pairs et, plus largement, les institutions politiques, religieuses ou culturelles, proposant d’autres identifications.

Un processus plus riche qu’il n’y paraît

Pour le sociologue Bernard Lahire, la distinction entre socialisation primaire et socialisation secondaire est réductrice. D’abord, elle minimise l’impact du monde extérieur sur la famille (nourrice, école maternelle…) ; la famille n’est pas une “institution totale”. De même, la socialisation secondaire n’est pas homogène et il faut plutôt concevoir un effet de socialisation et de resocialisation continu. En 1998, Bernard Lahire, alors professeur de sociologie à l’université Lumière Lyon 2, publie L’Homme pluriel. Contrairement à l’approche classique, le sociologue introduit la possibilité pour l’individu d’intégrer des socialisations diverses, voire concurrentes. Cette diversité est rendue d’autant plus facile que les personnes sont aujourd’hui plus mobiles, avec un accès à l’information numérique plus rapide et divers, et des affiliations moins fortes.

De l’habitus aux habitus

À la fin des années 1960, le sociologue Pierre Bourdieu avait revisité le concept d’habitus. Il désigne chez lui la matrice intégrée par l’individuation sous l’effet de la socialisation, notamment primaire, matrice qui lui permet d’agir conformément à sa classe sociale et de s’adapter aux nouvelles expériences qu’il traverse. Contrairement à Bourdieu pour qui l’habitus est un cadre homogène qui donne à l’individu son unité de pensée et d’action, Bernard Lahire propose un habitus non unifié et divers, reflet des processus de socialisation pluriels qui façonnent les normes des individus.

Pour aller plus loin : Entretien avec Bernard Lahire, sociologue [Vidéo, La vie des idées] https://dai.ly/xamy5o                                                                               

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