N° 08/30 | À la recherche de l’épilepsie, naviguer entre les hémisphères à -269°C
Saviez-vous que chacun de nos neurones est connecté avec 10 000 autres ? Saviez-vous que chaque information de notre environnement parvient au cerveau par le biais d’un courant électrique ? Quelques microvolts pour faire passer les messages neurone par neurone. Dans le parc de l’hôpital du Vinatier à Lyon, une machine, le magnétoencéphalographe (MEG), permet justement de visualiser cette activité du cerveau, zone par zone. Découverte.
Un équipement exceptionnel à Lyon
Au début des années 2000, l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris était le seul établissement en France à disposer d’un magnétoencéphalographe. Quand l’idée d’implanter un tel équipement à Lyon a émergé en 2001, le projet a été confié à Claude Delpuech (aujourd’hui membre du Conseil Consultatif National d’Ethique), dont l’expertise en physique des champs magnétiques n’est plus à démontrer. Il est impliqué sur tous les volets du projet, qu’ils soient techniques, scientifiques ou opérationnels, depuis l’étude de faisabilité au choix du site, en passant par les appels d’offres et la conception architecturale du nouveau laboratoire. Une implication qui a porté ses fruits puisqu’en 2004 le magnétoencéphalographe est opérationnel, intégré à la plateforme technologique Cermep – Imagerie du vivant, et qui lui a valu d’être récompensé par le Prix INSERM 2011.
Voyage au bout de l’activité cérébrale
Mais comment le MEG fonctionne-t-il ? Il convient d’abord de comprendre que l’activité neuronale est générée par un courant électrique très faible, qui créent des variations infimes de champ magnétique. Imaginez : c’est de l’ordre du milliardième du champ terrestre ! Le magnétoencéphalographe va observer et mesurer ce champ magnétique créé par l’action d’un ensemble de 50 000 neurones autour de la tête d’un patient, sans contact. Il représente ainsi la plus sûre des technologies cérébrales.
Concrètement, le patient est assis, la tête enserrée dans un immense casque blanc, constitué d’une cuve d’hélium liquide extrêmement froid (à – 269°C) dans laquelle sont immergés 275 capteurs de champ magnétique ultra-sensibles.
Un souffle de liberté pour les patients atteints d’épilepsie
Et à quoi le MEG peut-il servir ? Il permet de suivre milliseconde après milliseconde l’activité de groupes de neurones ou de localiser les zones du cerveau actifs lors d’une tâche particulière ou dans le cas d’une pathologie par exemple. On utilise cette technologie pour localiser les foyers de neurones responsables des crises d’épilepsie. C’est une information très utile, qui permet de situer avec précision les zones du cerveau atteintes d’épilepsie. On pourra, dans certains cas, ôter par chirurgie la petite partie du cortex responsable de l’apparition des crises. Ces patients peuvent alors arrêter les médicaments et gagner une nouvelle liberté. Ces applications sont si bénéfiques que le MEG est sorti des laboratoires pour entrer dans les hôpitaux depuis une dizaine d’années.
Le magnétoencéphalographe a bien d’autres applications. Très récemment, des études ont été lancées pour chercher à améliorer la perception auditive de ceux qui n’ont pas l’oreille musicale. Participez, si vous chantez faux !
Pour aller plus loin : Qu’est-ce que la magnétoencéphalographie ? La MEG : Magnétoencéphalographie | Le blob, l’extra-média