N° 24/30 | Tous les secrets ont une faille. Celui des volcans est dans le Puy-de-Dôme
Il est peu de paysages qui permettent de lire l’histoire géologique et volcanique de la Terre aussi clairement que celui de la Chaîne des Puys et de la faille de Limagne, dans le Puy-de-Dôme. C’est la raison pour laquelle, au-delà de sa majesté, c’est aussi un haut lieu de sciences.
Un livre ouvert de l’histoire géologique européenne
Pour être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, un site doit justifier de sa valeur universelle exceptionnelle. C’est notamment au titre d’exemples éminemment représentatifs des grands stades de l’histoire de la Terre que le site “Haut lieu tectonique Chaîne des Puys – faille de Limagne” a été inscrit en 2018. Ce site représente la première phase d’ouverture d’un rift continental et une de ses conséquences : la formation de volcans monogéniques d’une grande diversité sur un périmètre restreint parallèle à la faille de Limagne. Ce qui est unique au niveau mondial ! Mais de quoi s’agit-il ? Entre 40 et 25 millions d’années, lors de la formation des Alpes, la plaque continentale adjacente s’est amincie et s’est fracturée, créant entre autres une faille de près de 3 km de profondeur. Parallèlement, le futur plateau des Dômes apparaît en relief, du fait de l’effondrement du socle à l’Est de la faille de Limagne. À la fin de cet épisode tectonique, entre 25 et 12 millions d’années, le bassin sédimentaire affaissé, où est aujourd’hui située Clermont-Ferrand, connaît une activité volcanique. Plus tard, entre 95 000 et 8 000 ans, c’est autour du plateau des Dômes, vestige d’une chaîne de montagnes âgée de 350 millions d’années, d’être le siège de nombreuses éruptions volcaniques successives, formant une vaste chaîne de 80 volcans, la Chaîne des Puys. Actuellement, une simple photo aérienne permet de voir nettement le rift ouest-européen et le processus géologique complet. On distingue ainsi la rupture du continent, l’activité volcanique volcanisme, l’affaissement de la plaine de la Limagne, le soulèvement du plateau de Dômes et le travail de l’érosion qui a rendu visible l’escarpement de la faille et les inversions de relief de la coulée de la Serre !
Un site précurseur pour la recherche
Jusqu’au XIIIe siècle, les volcans de la Chaîne des Puys étaient considérés comme les déblais de mines exploitées par les Romains dans la région. C’est en 1751 que Jean-Étienne Guettard identifie l’origine volcanique de ces “déblais”. Dès lors, la Chaîne des Puys accueillit les grands naturalistes, précurseurs de la volcanologie moderne. Facilement accessible, cette formation géologique exceptionnelle continue à attirer des chercheurs du monde entier et le site est toujours l’objet de recherches actives, menées par des géologues, des volcanologues, des géophysiciens, voire des planétologues. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le laboratoire Magmas et Volcans (LMV), composante de l’Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand et de l’Université Clermont Auvergne, a vu le jour ici et s’il est parmi les plus dynamiques du monde. Un de ses programmes de recherche, en cours jusqu’en 2023, VolcAURA, s’interroge par exemple sur l’activité magmatique et le risque volcanique dans la Chaîne des Puys et en Ardèche. Car aujourd’hui, beaucoup sont convaincus que de nouvelles éruptions sont possibles à l’avenir. Mais quand et où ? L’avenir nous le dira.
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