N° 23/30 | Dans les nuages, les bactéries font la pluie et le beau temps
Le saviez-vous ? Les nuages ne sont pas uniquement constitués de gouttelettes d’eau. Ils emportent aussi de nombreux microorganismes qui cristallisent la glace, contribuant ainsi à la formation de la pluie. Louis Pasteur avait observé dès 1860 la présence de microorganismes dans l’atmosphère. Plus récemment, à la fin des années 1970, des chercheurs russes en ont découvert dans la stratosphère, à l’aide de sondes météo. Mais ce n’est qu’en 2005 qu’une équipe de l’Institut de Chimie de Clermont-Ferrand (Université Clermont Auvergne / CNRS) confirmera la présence de bactéries dans les nuages.
Des échantillons d’eau des nuages
Les chercheurs ont effectué cette découverte en collectant de ″l’eau de nuage″ au sein de l’Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand, situé depuis 150 ans au sommet du Puy-de-Dôme, à près de 1 500 mètres d’altitude. Depuis 2010, l’Observatoire est équipé d’un ″aspirateur à nuages″ qui permet de récupérer des gouttelettes dans lesquelles les microorganismes sont isolés. Un millier de bactéries ont ainsi été identifiées, stockées dans des congélateurs pour des études ultérieures.
Des bactéries actives susceptibles de livrer de précieuses informations
Les bactéries présentes dans les nuages sont particulièrement actives et prolifèrent, ce qui favorise la formation des gouttes de pluie et de la grêle. Ces bactéries modifient les réactions chimiques dans les nuages, en produisant et en consommant divers composés organiques. Les expériences menées au sommet du Puy-de-Dôme sont précieuses, car elles permettent non seulement de montrer comment les microorganismes contribuent à perpétuer le cycle des précipitations, mais elles pourraient également apporter des réponses au changement climatique. Car si l’on sait que la planète se réchauffe, on ne sait pas encore prévoir cette évolution de manière exacte. La présence des bactéries pourrait jouer un rôle clé dans les études sur le dérèglement climatique.
Une médaille de bronze du CNRS à l’Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand
Ajoutons que la station de l’Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand au sommet du Puy-de-Dôme est l’une des stations de recherches européennes de l’infrastructure européenne ACTRIS (Aerosols, Clouds and Trace gases Research InfraStructure), pour l’observation de l’aérosol, des nuages et des gaz tracent à courte durée de vie. Pour sa contribution à la mise en place de la structure, Sabine Philippin, aujourd’hui Directrice adjointe d’ACTRIS en France, a reçu la Médaille de cristal du CNRS en 2019.
Pour aller plus loin…
- Le portrait de Sabine Philippin : Sabine Philippin, ingénieure de recherche en coopération internationale | Talents CNRS – YouTube
- Les explications de l’institut de chimie de Clermont-Ferrand sur la présence de bactéries dans les nuages : Nuages et bactéries | #BrèveDeScience – YouTube