N° 14/30 | A la recherche de Tatooine
Ces femmes sont les stars des systèmes planétaires extrasolaires, autrement dit des exoplanètes. Depuis la Terre, Anne-Marie Lagrange et Maud Langlois observent l’espace, à la recherche de nouveaux mondes. Avec succès, puisque Anne-Marie Lagrange découvre en 2009 l’exoplanète Beta Pictoris b, la première dont la vitesse de rotation a été calculée, et que Maud Langlois est responsable scientifique de l’instrument SPHERE (Spectro Polarimetric High contrast Exoplanet Research) voué à la détection d’exoplanètes.
Beta Pictoris dans le viseur d’Anne-Marie Lagrange
Depuis plusieurs décennies, Beta Pictoris passionne Anne-Marie Lagrange, aujourd’hui académicienne. Située dans la constellation du peintre, l’étoile est assez proche de notre planète et assez brillante pour être facile à observer depuis l’hémisphère sud de la Terre. C’est un astre très jeune, ce qui permet aux chercheurs de suivre la formation d’un système planétaire autour de son étoile. L’astrophysicienne de l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble a donc décidé d’en faire son objet d’étude, dans le but de valider ses théories et tester les instruments auxquels elle contribue. Et à force de détermination et d’observations, elle sera la première à voir par imagerie directe une exoplanète, qui gravite autour de Beta Pictoris : la planète géante Beta Pictoris b, pesant l’équivalent de neuf planètes Jupiter. En 2020, bis repetita ! L’équipe d’Anne-Marie Lagrange détecte la lumière émise par une seconde planète, Beta Pictoris c, 10 fois plus massive que Jupiter. L’intérêt de cette nouvelle découverte est majeur, puisque cette exoplanète est toute jeune. Elle est en cours de refroidissement, expulsant l’énergie thermique accumulée à sa formation.
SPHERE : un instrument pour l’observation directe d’exoplanètes
En plus d’observer les exoplanètes géantes, Anne-Marie Lagrange contribue au développement de systèmes d’observation. Elle a notamment travaillé sur l’instrument SPHERE. Installé sur le Very Large Telescope (VLT), dans le désert d’Atacama au Chili depuis 2014, cet instrument, conçu par un consortium européen dirigé par l’Institut de Planétologie et d’Astrophysique de Grenoble, permet de capter des images directes des exoplanètes dans le domaine infrarouge. En 2017, bonne nouvelle : SPHERE détecte une exoplanète gazeuse géante, baptisée HIP654226b, en orbite autour d’une étoile à 385 années-lumière de notre système solaire. La responsable scientifique de SPHERE est une autre astrophysicienne d’AuRA, Maud Langlois, directrice de recherche à l’Observatoire de Lyon. Maud Langlois travaille aujourd’hui sur la nouvelle génération de l’instrument, SPHERE+. Projet très novateur, il permettra d’améliorer le contraste à proximité immédiate des étoiles. L’ambition : observer plus d’étoiles de plus faible luminosité et initier.
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